Les îles du Salut


vue des îles par Prénefato en 1934

"...les îles du salut,ou nous devions débarquer, vues du large, sont comme de merveilleux paniers de verdure flottant sur la mer ; mais cette impression fut tôt disparue au débarquement...l'impression, en entrant dans le camp et dans les cases , ne se décrit pas, on se sent davantage hors la vie..."
A.Mesclon "comment j'ai subit 15 ans de bagne "


L'ile Royale : le commandement


D'une superficie de 28 hectares, c'est le siége des îles, l'endroit ou réside le commandant supérieur et d'ou s'administre la vie de l'archipel; Une caserne, une chapelle, un hopital, un mess, rien ne manque , pas même une "piscine", bassin protégé des requins ou les transportés peuvent se baigner sous surveillance....
Un mouillage en eau profonde permettait d'y débarquer les individus à placer sous haute surveillance et dont l'administration voulait éviter, à tout prix les risques d'évasion , ce qui fera dire a l'inspecteur des colonies Edmont Henri, en 1910 : "....avec quelques professionnels de l'évasion,les malfaiteurs les plus dangereux sont internés aux îles du salut, ou les travaux sont moins pénibles que partout ailleurs et le climat, le plus sain de la colonie ; Pour les pires mafaiteurs, la répression se trouve ainsi notoirement insuffisante..."

 
Saint Joseph: la réclusion

 

Surnommée "le bagne du bagne" ou "la mangeuse d'hommes",c'est l'île de la punition ; Le régime y est plus dur et la discipline plus stricte que sur la "grande terre", le silence régne . Ses cachots ouverts sur le dessus, ressemblent à des cages et dans une semi-pénombre, les hommes punis , la plupart du temps pour tentative d'évasion, y survivent comme dans un tombeau....

Papillon dans sa cage de la réclusion, pour Paris-match en1969

 
Le Diable: l'île des "traitres"

C'est le bout du monde pénitentiaire, là ou s'effectue la terrible peine de la "déportation en enceinte fortifiée", crée en 1850, avant même la transportation, elle devait servir à se débarrasser des opposants de 1848 ; Charles delecluze , farouche opposant à Napoléon III,y séjourne en 1858 avec 35 autres détenus politiques

Son plus célèbre pensionnaire, le capitaine Dreyfus, y passera, à tort, cinq années de sévices et de souffrances ; Dans la paranoïa de son évasion,l'administration pénitentiaire mettra onze gardiens à sa surveillance et montera une clôture de plus de deux métres,pour lui cacher la vue de l'océan ; La nuit il est soumis à la "double boucle" (les deux chevilles attachées ) "...tout ce que je souffre est horrible, mais je n'ai même plus de colère contre ceux qui font ainsi supplicier un innocent, une grande pitié seulement..." écrit-il en septembre 1896 (cinq années de ma vie, éd Fasquelle, 1901 )

  nuit et jour les onze surveillants sont de faction devant la case

D'autres déportés , moins célèbres occuperont les misérables cases "du diable", plus ou moins abandonnés, sur ce bout de caillou d'ou l'on ne s'évade pas...
Benjamin Ullmo y restera jusqu'en 1923